Un maître affectueux est venu m’apporter son bouledogue en carton bouilli qui avait un problème à la patte (il était bancal) et qui avait bien besoin d’un toilettage, ou disons plutôt d’un bon lifting !
Il s’agit d’un jouet à tirer fabriqué en France à partir des années 1910. qui mesure environ 32 cm de hauteur et 45 cm de longueur. Les premiers modèles produits étaient les plus beaux, comme celui que l’on m’a confié. Ils étaient recouverts d’un flocage donnant un effet de velours, beige et noir, montés sur des petites roulettes en bois pour pouvoir les tirer.
voici une vue sur les roulettes :
La particularité de ce jouet est que l’animal ouvre grande sa gueule lorsque l’on tire d’un coup sec sur sa laisse. Cela actionne un système de ressort dans le fond de sa gorge qui fait se baisser la mâchoire inférieure et simuler un aboiement. Le réalisme de cet objet est très impressionnant, ses yeux en verre sont assez captivants mais sa mine patibulaire pourrait faire faire des cauchemars aux enfants auxquels il est destiné…
Le molosse était bien mal en point lorsqu’il est arrivé à mon atelier : il boîtait d’un côté suite à une réparation mal faite de la patte avant droite, laissant apparaître le papier journal qui avait servi à la réparation.
Les oreilles avaient été également maladroitement réparées, toujours en laissant le papier journal apparent. Ce chien devait aussi aimer la bagarre car sa gueule était pas mal amochée, et sa dentition laissait à désirer…
J'ai en premier réparé ses oreilles. Il a fallu que j'enlève d'abord le papier journal qui avait été grossièrement collé pour la réparation mais qui faisait des surépaisseurs. Je me suis ensuite penchée sur sa dentition. J'ai reconstitué ses crocs en posant une succession de couches de papier japon collés à la colle d'amidon. Je lui ai enfin refait une belle gueule en rebouchant tous les accidents qu'il avait subi.
Je l'ai installé sur ma table d'opération. J'ai réparé les petits bobos aux pattes, à la queue, au ventre.
J'ai à nouveau procédé à l'enlèvement du papier journal, cette fois-ci sur la patte tordue et j'ai dû la démonter jusqu'à mettre à nu le moignon qui était à l'intérieur pour pouvoir la redresser.
La réparation étant plus importante en épaisseur que pour les oreilles ou la gueule, sous le papier japon, j'ai d'abord rebouché la "plaie" avec de la pâte de papier mâché de ma fabrication et j'ai ensuite "bandé" au japon. Il faut bien respecter les temps de séchage car en séchant, la pâte se rétracte et il faut à nouveau ajouter des épaisseurs pour compenser ce retrait.
Une fois le bouledogue bien stable sur ses 4 pattes, j'ai pu attaquer les retouches et la mise à la teinte de tous les ajouts de japon.
Voilà ! Ce jeu a retrouvé belle allure !
Il lui manque une chose : sa crinière !
En effet, sous le collier de cuir, le cou du chien était habillé d'une collerette en crin de cheval. En voici quelques exemples trouvés sur internet :
Comme vous pouvez le constate sur les photos ci-dessus, il existe différents modèles : des fabrications françaises et des fabrications anglaises, entre 1880 et 1920 environ. On en trouvait encore dans certains magasins dans les années 50 Les modèles français étaient les plus beaux. Il y en avait de différentes tailles, les plus gros étant les plus rares.
Pour la crinière, le propriétaire a trouvé une vraie queue de cheval sur un vide-grenier et il m'a promis de m'envoyer une photo dès qu'il aurait glissé la collerette en crin au cou de son animal.
Je l'ajouterai à cet article dès que je l'aurai reçue.