27 avril 2013
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ou « RESTAURATION D’UNE POINTE SECHE ET AQUATINTE »
Le terme « restauration » évoque d’abord pour beaucoup la nourriture, les restaurants, la cuisine…. Lorsque l’on m’interroge
sur la possibilité de "rénover" une gravure, on me parle avec des termes évoquant le métier de la blanchisserie : détachage, nettoyage,
brûlé, jauni, taché….
On me demande rarement d’intervenir pour une « restauration » et encore moins une « conservation ». Mon métier est
pourtant de restaurer un document tel qu’il était à l’origine, ou tout du moins de s’en approcher le plus possible et de faire en sorte qu'il se conserve dans le temps sans s'altérer
davantage.
Voici la présentation de la restauration d’une pointe sèche et
aquatinte
gravée par Edgar CHAHINE (1874 - 1947).
Ce document a été sorti d’un grenier où il a passé ces dix ou vingt dernières
années bien tranquille mais dans une atmosphère peu recommandable pour
du papier.
Il est signé à la mine de plomb et dédicacé à Madame La Fuente.

Il va d'abord falloir décoller la gravure de son support car on ne peut pas traiter un document tant qu'il n'est pas
complètement libre.
L’estampe est couverte de foxing occasionné par une ambiance atmosphérique très
changeante et un contact avec un papier et un carton acide. Cela se traduit par de grosses et nombreuses rousseurs qu’il faudra traiter localement une à une avant de faire un traitement
général de toute l'estampe.





Un encadrement avec des matériaux neutres et une baguette fine pour souligner la légèreté et la
délicatesse du sujet permettront au propriétaire de profiter pleinement et longtemps de cette oeuvre remarquable.

Biographie de l'artiste
D'origine Arménienne, Edgar Chahine est le fils d’un banquier de
Constantinople. Observateur de la rue, il s’oriente tout d’abord vers la peinture et la sculpture qu’il étudie en Italie puis s’installe définitivement à Paris en 1895.
Il se consacre ensuite à la gravure et fasciné par l'eau forte et les
innombrables possibilités qui s'offrent à lui, il entre dans l'atelier de Eugène Delatre. En 1901, il acquiert une presse afin de se charger lui-même du tirage. Puis, bouleversé par la mort
subite de sa fiancée, il partit en Italie en 1906, pour un voyage qui durera trois mois. Il se consacre exclusivement à la gravure jusqu’en 1911, puis il l’abandonne jusqu’en 1921, date de son
mariage. Il retourne à Venise cette ville qu’il aime tant, accompagné de sa femme, et grave une quarantaine de planches. Il partira de nouveau à Venise en 1926. Venise tient une place primordiale
dans l’ensemble de ses estampes. L’incendie de son atelier en 1926 et une inondation en 1942 détruisirent une partie de son œuvre, mais heureusement un grand nombre de ses gravures avaient été
vendues dès leur parution chez Sagot.
Il représente aussi bien des scènes de soupes populaires que des femmes de la
Belle Epoque, des comédiennes ou des haltérophiles du boulevard de Clichy, des paysages d’Italie que les travaux du métro parisien ou les marées de la Manche à Villers sur
Mer.

Il est aussi illustrateur pour bibliophiles de Baudelaire, Verlaine, les frères de Goncourt, Flaubert, Huysmans, Mirbeau ou Colette.
Il laisse une œuvre forte de 450 gravures, 430 illustrations et 300 peintures, pastels et dessins.
Edgar Chahine a également beaucoup milité avec son ami le poète Archag Tchobanian,
tous deux « socialistes romantiques », pour la reconnaissance de l’Arménie, soutenus par des personnalités comme Anatole France, Jean
Jaurès ou Georges Clémenceau.

Autre oeuvre d'Edgard Chahine : "Intellectuels arméniens au café" 1939