Le nom de ce jeu fait référence à l'ouvrage suivant : Les Métamorphoses d’Ovide (Ier siècle), qui livre, en une épopée longue de quinze chants, une somme érudite sur la mythologie gréco-latine qui n’a pas d’équivalent.
L’œuvre d’Ovide forme un poème continu de 12000 vers et plus de 230 fables dans lequel l’auteur se réapproprie l’ensemble des mythes transmis oralement dans les œuvres d’auteurs grecs et latins.
Il propose une histoire des origines de l’univers et dresse la généalogie des dieux, des héros (les demi-dieux au sens étymologique) et des hommes, depuis le chaos primitif jusqu’au principat d’Auguste, qui marque le passage du temps mythique au temps historique.
Voici son portrait de profil comme il est généralement représenté (analogie entre son portrait et le thème du jeu).
C’est sans doute le titre de cet ouvrage qui a inspiré le nom de ce jeu des métamorphoses.
Le but consiste à manipuler des boutons qui enroulent ou déroulent des bandelettes permettant de modifier une physionomie, en changeant le nez, les yeux, le menton, les lèvres (inférieure et supérieure), la forme du crâne, bref toutes les parties du visage.
Mille combinaisons sont ainsi possibles pour créer le profil de son choix !
On m’a demandé il y a quelques années de restaurer ce jeu assez rare (c’était la première fois que je le voyais). Il était presque en parfait état de fonctionnement quant au mécanisme intérieur. Comme souvent, c’est le coffret qui avait bien souffert. J’ai dû cependant retendre les petites bandes et en recoller certaines sur leur axe.
Je suis toujours étonnée de voir comment à l'époque on mettait entre les mains des enfants des jouets aussi fragiles !...
Quant à l’extérieur, le propriétaire pensait au départ qu’il s’agissait juste d’une boîte cloche dont il fallait fermer les 4 angles pour que le couvercle s’emboîte simplement sur le fond.
Après avoir bien étudier l’objet, je me suis rendu compte qu’en fait, la boîte ne se fermait pas du tout de cette façon. Puisqu’il existait un reste de charnière sur l’un des côtés du couvercle, c’est qu’il y avait une bonne raison. Et en effet, la partie mobile d’un des côtés du couvercle était fixée au socle de la boîte et à la partie supérieure. Cela permettait ainsi d’articuler le couvercle et de le basculer au-dessus du socle.
J’ai posé une double charnière (comme à l'origine) car l’existante était totalement brûlée, une percaline grise pour l’intérieur et une percaline bleue pour l’extérieur, à l'identique. Cela donne une certaine flexibilité et une résistance à un élément très sollicité lors de l’ouverture et la fermeture du coffret.
De plus, il y avait un petit mécanisme en laiton sur le devant du socle qui devait avoir lui aussi son utilité. Il permettait en fait de maintenir l’ensemble fermé.
Les 4 angles du socle étaient renforcés avec des coins en laiton. Il n’en restait plus que 3 et j’ai pu remplacer celui qui manquait. Je n'avais plus qu'à faire quelques retouches de teinte et des petits collages ici et là, le propriétaire souhaitant une restauration a minima.
Ces jeux de métamorphoses ont été très nombreux au XIXe et au XXe siècle et s’appelaient souvent jeu des caricatures, ou jeu des transformations, ou jeu multitêtes, comme ceux ci-après que j’ai eu l’occasion de restaurer :
Ci-dessus,le jeu multitêtes, dont j'ai dû réparer le couvercle.
Ci-dessous, un jeu de MASCA , qui est à la fois un jeu de dominos et un jeu de caricatures
ou cet autre, dessiné et conçu par Meggendorfer.
Ils pouvaient aussi se présenter sous forme de livres, comme ce livre de Capendu « les 36000 métamorphoses d’Auguste », aux pages découpées horizontalement pour obtenir de multiples combinaisons. (J'ai eu à renforcer le dos du livre et refaire la couture).
Source : un article de Sandra Provini sur le site de la BNF /Fantasy, intitulé "Les métamorphoses d'Ovide, une référence universelle"