Pour varier de mes travaux de restaurations à mon atelier, j'ai suivi en début d'année un stage de 3 jours aux AAAV (Ateliers d'Arts Appliqués du Vésinet) pour faire une reliure byzantine à la façon dont elles étaient conçues et montées au XVIIème siècle.
Elle était en usage pour la reliure des manuscrits médiévaux grecs, slaves, géorgiens, arabes et syriaques.
Elle a disparu avec l’apparition de l’imprimerie mais elle a influencé les reliures italiennes.
Description de la fabrication de mon livre avec reliure byzantine
A cette époque, les livres n’étaient pas mis debout. Les plats étaient des ais de bois, de peuplier le plus souvent. La couture se faisait tout du long. Les cahiers étaient grecqués assez profond. C'est ce que nous avons fait. Ils étaient en parchemin, ou en papier oriental puis en papier occidental. C’est en général la première page du premier cahier qui sert de garde.
Tantôt il y a des chaînettes, tantôt il n’y en a pas. La passure est faite par 3 trous dans les ais. Le chiffre 3 était très symbolique. Voir photo ci-dessus.
La passure se fait en 3 temps : la moitié des cahiers sont d'abord cousus au 1er ais, l'autre moitié au deuxième, et pour finir les 2 moitiés sont réunies par une couture en Z au dos des cahiers.
Les ais dont les chants ont été rainurés en forme de V pour donner un aspect moins massif sont d'abord recouverts au 1/3 par une doublure en coton ou en lin de couleur bleu généralement et quelques fois écru. L'ensemble est ensuite recouvert de cuir le plus souvent de couleur bordeaux ou noir.
Voici la découpe de la pièce de cuir qui doit recouvrir le bloc-livre.
Cette découpe est assez compliquée car il faudra que le cuir recouvre les extrémités des tranchefiles sur les chants et que les coiffes soient suffisamment hautes pour protéger ces tranchefiles.
La tranchefile est brodée sur 2 septains, ce qui lui donne du relief. Sa particularité est qu'elle prend naissance sur le chant des ais grâce à 3 ou 4 canaux perforés en biais dans leur épaisseur.
L'esthétique de cette tranchefile est due au fait que l'on revient en arrière lors de sa confection, ce qui donne un aspect de chevrons.
On va ensuite décorer la couvrure avec des filets à froid (traits tracés au plioir lorsque la peau est encore humide - encadrements, losanges, diagonales,...) et des motifs imprimés au moyen de petits fers décoratifs (fleurs, petits cercles, points,...)
Il va maintenant falloir tresser des lanières pour faire les fermoirs et percer les ais pour leur fixation.
Et pour terminer, comme ces livres étaient couchés et non debout, ils étaient protégés des frottements par des cabochons en laiton dans les angles et quelquefois un ombilic cloué au centre.