Il s’agit d’un jeu de cartes utilisant un tableau spécifique hexagonal dont les 6 cases correspondent au roi de pique, à l’as de trèfle, à la dame de coeur, au 10 de pique, au valet de carreau et au bog, cette dernière case servant à mettre les enchères. Il se joue à 5 ou 6 avec un jeu de 32 cartes. Chacun mise sur la figure qui est devant lui et le but est de former des combinaisons de cartes : bog (paire), mistin, brelan, brelan carré, etc…
Ce jeu serait un descendant du jeu de Poch, né vers le XVe Siècle en Allemagne et serait un « cousin » du jeu de Nain Jaune. Ce dernier n’a plus que 5 cases, celle des enchères a été supprimée. Le jeu de bog fut en vogue, en France, pendant environ 50 ans de 1855 à 1910. . Ce jeu deviendra un classique des éditeurs de la fin du XIXe siècle, avant de disparaître entre les deux guerres mondiales. Cette disparition coincide avec l’arrêt d’activité de beaucoup d’éditeurs de « jeux nouveaux » qui le produisaient et avec le succès progressif du poker en France.
Ce jeu intègre le «Grand Dictionnaire Universel du XIXe siècle» de Pierre Larousse en 1867, avec plusieurs expressions comportant le mot bog ou le verbe boguer. ( )
Les figures en pied du roi de pique, de la dame de carreau, et du valet de trèfle, sont dans le style dit « troubadour », très à la mode à l’époque des cartes éditées par Gibert à partir de 1848, dans ses « séries parisiennes ». Ce type de portrait fantaisie, fortement influencé par le style médiéval très prisé au milieu du XIXe, sera constant sur les jeux de Bog dans une première période allant de 1855 à 1870 environ.
Les six compartiments trapézoïdaux sont reliés entre eux par des charnières textiles pliables sur eux-mêmes, ce qui permet de le ranger dans une petite boîte triangulaire.
L’orifice central du plateau pouvait permettre de mettre une lampe ou un flambeau au milieu pour éclairer la partie.
Source : Colloque du Vieux Papier à Issy les Moulinaux - novembre 2014 Exposé de M. François RICHARD
Restauration de la boîte qui avait été réparée
précédemment "à l’ancienne"…
Avant l’invention du ruban adhésif SCOTCH en 1930 par un ingénieur de la société 3M pour l’industrie de l’automobile (qui servait de masquage pour la peinture des carrosseries) puis de sa diffusion au grand public après la 2ème guerre mondiale, la réparation d’une boîte de jeu en carton posait problème. Sa manipulation quasi quotidienne ou hebdomadaire la mettait assez vite dans un piètre état. La solution était alors de prendre un bon fil de lin, un dé (de couturière) et une aiguille et de recoudre tous les côtés bord à bord pour la consolider et la conserver le plus longtemps possible. J’ai eu entre les mains plusieurs jeux réparés de cette façon, notamment ce petit jeu de puce ci-dessous par exemple. (avant et après restauration)
En tout cas, pour une restauratrice, mieux vaut un jeu restauré de cette façon plutôt que bardé de ruban adhésif, recollé avec par exemple de la seccotine (qui servait à coller les rustines sur les chambres à air), ou bien avec tout ce que peuvent proposer les grands magasins de bricolage à l'heure actuelle, en passant de la colle pour pistolets à colle jusqu’au joint de salle de bain comme je l’ai vu quelques fois !
Pour cette restauration, j'ai donc démonté tous les éléments en coupant tous les fils de couture de la boîte et mis tous les cartons à nu pour pouvoir les réassembler et les recouvrir à nouveau des papiers d'origine.
Le plus délicat a été de remettre en état la lithographie illustrant le couvercle qui avait été bien grignoté par des insectes papivores. Un doublage de cette illustration avec un papier ancien m'a permis de faire des retouches de couleur à l'aquarelle et des reprises du graphisme à l'encre de chine. Cela m'a été facilité par le fait que l'on retrouve exactement la même image sur un des compartiments du plateau.
Et voici la boîte en bel état, prête à reprendre du service.